Présentation, Caractéristiques, Méthodes, Les philosophes de la scolastique, |
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Scolastique, terme désignant à la fois le mouvement philosophique et théologique qui caractérise la pensée du Moyen Âge et l’enseignement dispensé par l’École (en latin, Schola, dont est dérivé Scholasticus). La scolastique est, dans son sens originel, le savoir enseigné dans les institutions ecclésiastiques que sont les écoles et universités au Moyen Âge. Cet enseignement se définit comme un vaste commentaire des textes, qui a pour idéal d’intégrer en un système ordonné la sagesse naturelle de la Grèce et de Rome, et la foi du christianisme. Le substantif masculin a fini par s’appliquer à quiconque enseigne la philosophie ou la théologie dans les dites écoles ou universités. |
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Principales caractéristiques, | ||
Les penseurs scolastiques ont défendu des conceptions diverses, tant en philosophie qu’en théologie. Ce qui confère une unité à l’ensemble du mouvement scolastique, c’est la communauté de buts, d’attitudes et de méthodes, adoptés, de manière générale, par ses membres. La préoccupation majeure des scolastiques n’est pas de découvrir des faits nouveaux, mais d’intégrer à la révélation chrétienne le savoir déjà acquis par le raisonnement grec. Cette préoccupation constitue une des différences les plus caractéristiques entre la scolastique et la pensée moderne depuis la Renaissance. La première attitude commune aux scolastiques consiste donc en leur respect des autorités, tant en philosophie qu’en théologie. Ces autorités sont les grands philosophes de la Grèce et de Rome ainsi que les premiers Pères de l’Église. L’autre position commune est la conviction d’une harmonie fondamentale entre la raison et la révélation. Les scolastiques pensent que si le même Dieu est la source des deux modes de connaissance et que la vérité est un des principaux attributs de Dieu, il est impossible que Dieu se contredise par ces deux modes. Dans la mesure où les scolastiques conçoivent la révélation comme l’enseignement direct de Dieu, ils considèrent qu’elle possède un degré de vérité et de certitude supérieur à celui de la raison naturelle. Vers le début du XIIIe siècle, la pensée scolastique met davantage l’accent sur l’indépendance de la philosophie dans son propre domaine. Mais durant toute la période scolastique, la philosophie n’en est pas moins appelée « servante de la théologie » (ancilla theologiae), non seulement parce que la vérité de la philosophie est subordonnée à celle de la théologie, mais aussi parce que les théologiens se servent de la philosophie pour comprendre et élucider la révélation. Cette attitude de la scolastique contraste nettement avec la doctrine dite de la « double vérité » du philosophe et médecin musulman Averroès. Selon lui, la vérité est accessible tant à la philosophie qu’à la théologie islamique, mais seule la philosophie est en mesure d’en atteindre une parfaite connaissance. Ainsi les prétendues vérités de la théologie ne sont-elles que l’expression imparfaite de la représentation que se fait le commun des mortels de la vérité authentique, accessible seulement à la philosophie. La vérité philosophique peut même contredire les enseignements de la théologie islamique. La croyance que nourrissent les scolastiques dans l’harmonie de la foi et de la raison les conduit à déterminer la capacité et la compétence précises de chacune de ces deux facultés. Bon nombre des premiers scolastiques, comme saint Anselme, ne distinguent pas clairement la foi de la raison et s’en remettent aveuglément à la raison pour prouver certaines doctrines de la révélation. Avec saint Thomas d’Aquin, la pensée scolastique saura trouver un équilibre entre raison et révélation. Mais ses successeurs, comme le théologien et philosophie écossais John Duns Scot, restreindront de plus en plus le domaine des vérités susceptibles d’être démontrées par la raison, et insisteront pour que quantité de doctrines, que l’on considérait auparavant comme démontrées par la philosophie, soient désormais acceptées sur la base de la seule foi. |
Raison/ Philosophie & Religion
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Méthodes | ||
Les principaux outils des scolastiques sont la logique et le vocabulaire philosophique d’Aristote, la démonstration, la discussion et le commentaire, celui-ci émanant, soit du seul maître (lectio), soit d’une autorité reconnue. Aux commentaires sur des questions controversées se rattache la technique de débat public. |
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Les philosophes de la scolastique | ||
Les grands noms de la scolastique des XIe et XIIe siècles sont Anselme, Pierre Abélard et Roscelin, qui fonde le courant « nominaliste ». À la même époque, Maïmonide a tenté de réconcilier la philosophie aristotélicienne et la révélation divine telle que la conçoit le judaïsme, dans un esprit similaire à celui de la scolastique chrétienne. Les scolastiques du XIIIe siècle, qui correspond à l’âge d’or de ce mouvement de pensée, sont saint Thomas d’Aquin et saint Albert le Grand, Roger Bacon, saint Bonaventure et Duns Scot. Au XIVe siècle, le nominalisme a pris le pas sur la scolastique, il est représenté par Guillaume d’Occam, logicien qui soutient que la raison naturelle et la philosophie ont un champ d’application beaucoup plus étroit que ne l’affirment les scolastiques. La scolastique a connu un brillant mais bref regain, en particulier dans le domaine de la théologie, dans l’Espagne du XVIe siècle (Francisco de Vitoria, Francisco Suárez). Un renouveau de plus grande envergure a été initié par le pape Léon XIII en 1879, afin de reconsidérer, à la lumière des besoins modernes, les grands systèmes scolastiques du XIIIe siècle, en particulier celui de saint Thomas d’Aquin et d’intégrer à la refonte de ces systèmes toutes les contributions authentiques de la pensée moderne. Ce renouveau « néoscolastique » constitue un des courants de la pensée contemporaine. Ses principaux tenants sont le philosophe et néothomiste Jacques Maritain et l’historien de la philosophie Étienne Gilson. |
ABELARD, VITORIA, |